Ce document, totalement à charge contre le photovoltaïque, oublie un certain nombre déléments dinformation quil convient de rappeler pour prendre la juste mesure du cynisme de la situation. Tout dabord, la hausse annoncée sexplique principalement par la mise en service de systèmes photovoltaïques qui bénéficient de lancien régime de tarifs dachat, celui davant le moratoire de décembre 2010. Chacun sait que ces tarifs étaient notoirement trop élevés pour certains types dapplication et pas assez pour dautres : il sagit donc dun effet-retard de dispositions que nous avions alors dénoncées.
En effet, les nombreux parcs au sol de grande puissance qui ont été connectés au réseau dans les derniers mois de 2011 vont profiter pendant 20 ans dun tarif dachat nettement supérieur à celui des systèmes intégrés au bâti de taille moyenne qui sinstallent aujourdhui : de juteux bénéfices en perspective pour les investisseurs compte tenu de la baisse des prix observée des systèmes, de lordre de 30% en un an
Paradoxalement, cette annonce intervient dans une indifférence quasi-générale sur fond de crise majeure au sein de la filière française du photovoltaïque, marquée par de nombreux licenciements et fermetures dentreprises en particulier dans les PME qui formaient lessentiel du secteur et dont lactivité, impactée de plein fouet par le moratoire, na pas repris depuis.
Ensuite, tout en mentionnant la baisse prévue du poids de la cogénération du fait que certains contrats en cours vont se terminer en 2012, la communication de la CRE passe totalement sous silence le surcoût injustifié de plus de 700 millions dEuros par an que ces contrats font peser depuis 2005 sur la CSPE du fait dun mécanisme dindexation du prix du gaz naturel très profitable aux quelques opérateurs concernés, pour lessentiel des filiales de grands groupes énergétiques ayant pignon sur rue. On sur-finance ainsi une production délectricité émettrice de gaz à effet de serre sans que la CRE ne trouve rien à redire
Enfin, il y a bien dautres raisons en dehors du photovoltaïque de craindre une hausse conséquente du prix de lélectricité dans les prochaines années : des décennies de sous-investissement dans lentretien des réseaux ; une pénétration toujours plus aberrante du chauffage électrique qui impose des importations de courant aux pires moments et à prix très élevé ; les besoins de sécurisation post-Fukushima des 58 réacteurs nucléaires en fonctionnement ; les déboires à répétition du chantier de lEPR dont le coût a déjà presque doublé
Une chose est sûre, alors que les grands opérateurs énergétiques et leurs filiales tirent leur épingle du jeu et engrangent des bénéfices qui interrogent, les PME et, de manière générale, tous les petits opérateurs font les frais de la politique de gribouille menée par lÉtat sur le dossier du photovoltaïque.
La CRE serait bien inspirée détendre ses analyses détaillées et ses critiques aux autres secteurs fortement bénéficiaires de la CSPE plutôt que de sentêter à taper toujours sur le même clou.
On sait aujourdhui que le photovoltaïque sera compétitif en France dans moins de 10 ans : une fois cette étape franchie, il deviendra inéluctablement une source essentielle de production délectricité 100% verte et apportera une contribution majeure à la stabilité du prix de lénergie. Lurgence aujourdhui devrait être à la reconstitution dune filière nationale permettant à lindustrie française de prendre toute sa place dans la compétition internationale, pas à poursuivre des combats darrière garde pour en ternir limage.
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